domenica, luglio 14, 2013

I PRIMI ASINI (LES PREMIERS ÂNES) - JACQUES PRÉVERT




I primi asini - Jacques Prévert

Un tempo, gli asini erano del tutto selvaggi, cioè mangiavano quando avevano fame, bevevano quando avevano sete e correvano sull’erba quando andava loro di farlo.

Ogni tanto, arrivava un leone e mangiava un asino, allora tutti gli altri asini scappavano gridando come asini, ma l’indomani non ci pensavano più e ricominciavano a ragliare, a bere, a mangiare, a correre, a dormire … Insomma, a parte i giorni in cui arrivava il leone, tutto andava assai bene.

Un giorno, I re della creazione (è così che gli uomini amano chiamarsi tra di loro) arrivarono nel paese degli asini, e gli asini tutti contenti di vedere gente nuova galopparono incontro agli uomini.

Gli asini (parlano galoppando): “Sono strani animali pallidi, camminano a due zampe, le loro orecchie sono molto piccole, non sono belli, ma bisogna comunque far loro una buona accoglienza … è il minimo.”

E gli asini fanno gli scherzosi e si rotolano nell’erba agitando le zampe, cantano la canzone degli asini e poi, per ridere, spingono gli uomini per farli cadere in terra; ma all’uomo non piace molto scherzare se non è lui a farlo. Dopo cinque minuti da che i re della creazione sono arrivati nel paese degli asini, gli asini sono tutti legati come salami.

Tutti, meno il più giovane, il più tenero, messo a morte e arrostito alla brace con gli uomini tutti intorno con iI coltello in mano. Una volta che l’asino è cotto a puntino, gli uomini cominciano a mangiare e fanno una smorfia di cattivo umore, poi gettano i loro coltelli in terra.

Uno degli uomini (parla da solo): “Non sta a pari col manzo, non sta a pari col manzo!”

Un altro: “Non è buono, preferisco il montone!”

Un altro: “Oh come è cattivo” (piange).

E gli asini prigionieri vedendo piangere l’uomo pensano che sia il rimorso a fargli uscire le lacrime. Ci lasciano andar via, pensano gli asini, ma gli uomini si alzano e parlano tutti insieme facendo grandi gesti.

Coro degli uomini: “Questi animali non sono buoni da mangiare, Ie loro grida sono sgradevoli, le loro orecchie ridicolmente lunghe, sono sicuramente stupidi e non sanno leggere né contare, li chiameremo asini perchè questo ci piace e porteranno I nostri bagagli. Noi che siamo re, avanti!”
E gli uomini si portarono via gli asini.

 


(Les premiers ânes - Jacques Prévert

Autrefois, les ânes étaient tout à fait sauvages, c’est-à-dire qu'ils mangeaient quand ils avaient faim, qu'ils buvaient quand ils avaient soif et qu'ils couraient dans l'herbe quand ça leur faisait plaisir.

Quelquefois, un lion venait qui mangeait un âne, alors tous les autres ânes se sauvaient en criant comme des ânes, mais le lendemain ils n'y pensaient plus et recommençaient à braire, à boire, à manger, à courir, à dormir... En somme, sauf les jours où le lion venait, tout marchait assez bien.

Un jour, les rois de la création (c'est comme ça que les hommes aiment à s’appeler entre eux) arrivèrent dans le pays des ânes, et les ânes très contents de voir du nouveau monde galopèrent à la rencontre des hommes.

Les ânes (ils parlent en galopant): "Ce sont de drôles d'animaux blêmes, ils marchent à deux pattes, leurs oreilles sont très petites, ils ne sont pas beaux mais il faut tout de même leur faire une petite réception... c’est la moindre des choses... "

Et les ânes font les drôles ils se roulent dans l'herbe en agitant les pattes, ils chantent la chanson des ânes et puis, histoire de rire, ils poussent les hommes pour les faire un tout petit peu tomber par terre; mais l'homme n'aime pas beaucoup la plaisanterie quand ce n'est pas lui qui plaisante et. il n'y a pas cinq minutes que les rois de la création sont dans le pays des ânes que tous les ânes sont ficelés comme des saucissons.

Tous, sauf le plus jeune, le plus tendre, celui-là mis à mort et rôti à la broche avec autour de lui les hommes le couteau à la main. L’âne cuit à point, les hommes commencent 'à manger et font une grimace de mauvaise humeur puis jettent leur couteau par terre.

L'un des hommes (il parle tout seul): "Ça ne vaut pas le boeuf, ça ne vaut pas le boeuf! "

 Un autre : "Ce n'est pas bon, j'aime mieux le mouton!"

 Un autre : "Oh que c'est mauvais (il pleure)."

 Et les ânes captifs voyant pleurer l'homme pensent que c'est le remords qui lui tire les larmes.

On va nous laisser partir, pensent les ânes mais les hommes se lèvent et parlent tous ensemble en faisant de grands gestes.

Choeur des hommes : "Ces animaux ne sont pas bons a manger leurs cris sont désagréables, leurs oreilles ridiculement longues, ils sont sûrement stupides et ne savent ni lire, ni compter, nous les appellerons des ânes parce que tel est notre bon plaisir et ils porteront nos paquets. "C'est nous qui sommes les rois, en avant!" Et les hommes emmenèrent les ânes.)

Traduzioni Joseph